Je suis un artiste intermédia et un chercheur en recherche-action participative (RAP). Je développe et contribue à des projets interdisciplinaires avec des participant·es issu·es de communautés marginalisées en Europe et en Afrique australe. Je remets en question leur désignation en tant que "non-artistes" dans une perspective de RAP artistique, en formant des collaborations mettant des outils artistiques à leur service. La valeur de la RAP artistique réside dans le fait qu'elle se situe au carrefour de l'art et de la recherche, et peut "véhiculer des marqueurs de stigmatisation, de privilège et d'oppression, ainsi que des pensées, des sentiments, des émotions et des vulnérabilités [...] qui peuvent être difficiles à verbaliser" (Lenette, 2022). Il s'agit donc d'un outil d'investigation puissant qui peut être utilisé dans de nombreux domaines différents, notamment l'éducation, le genre et les études migratoires, pour n'en citer que quelques-uns. En tant que méthodologie, la RAP est "une approche de recherche qui privilégie la participation active des personnes ayant une expérience vécue du sujet en tant que co-chercheurs afin de générer de nouvelles connaissances et d'agir sur les résultats pour améliorer leur vie." (Lenette, 2022) Au-delà d'une méthodologie, la RAP est aussi une philosophie qui "remet radicalement en question qui est un·e expert·e, ce qui compte en tant que connaissance et, par conséquent, par qui les questions de recherche et les concepts devraient être élaborées." (Fine et Torre, 2019)

En plus d'être un outil de création de données, les produits de la RAP artistique permettent de diffuser les connaissances ainsi créées auprès d'un large éventail de publics, y compris en dehors du monde universitaire. Cela profite à l'institution, aux chercheur·ses, aux participant·es et au grand public.

2020 - TRANSMISSION STRATEGIES AND BLOSSOMING PARTICIPANTS IN MY COMPOSED MUSIC
2022 - Ça aurait pu être pire
2023 - Our Stories

2020 - TRANSMISSION STRATEGIES AND BLOSSOMING PARTICIPANTS IN MY COMPOSED MUSIC (doctorat pratique)

Mon doctorat portait sur la manière dont, dans ma propre musique, les idiosyncrasies des participant·es (compositeur·ices, interprètes, membres du public) étaient mises en évidence et renforcées par l'expérience des pièces, ainsi que sur l'importance de l'"épanouissement" des participant·es dans le processus. Remettant en question un processus traditionnellement hiérarchique (le compositeur "contrôle" les interprètes tandis que le public assiste "passivement"), j'ai conçu des pièces qui célébraient les idiosyncrasies musicales et techniques des participant·es en faisant de celles-ci la matière première de ces pièces. J'ai montré comment ce processus créait un matériel musical contrasté, complexe et inattendu, et contribuait à un sentiment de bien-être pour les participant·es, dont l'action et les responsabilités étaient devenues le cœur de la musique. Cette pratique a jeté les bases de mes futurs projets de RAP artistique, dans lesquels j'ai exploré des questions telles que : Comment concevoir des projets artistiques qui donnent du pouvoir aux participant·es (en tant que co-chercheur·ses) et qui servent d'outil d'investigation efficace ? Quelles stratégies et pratiques artistiques peuvent instaurer la confiance dans le but de cocréer des données plus perspicaces et inattendues ? Comment les artistes peuvent-ielles mettre leurs compétences au service des participant·es de manière à ce qu'ielles s'épanouissent tous les partis ?

La pièce principale de mon doctorat, Symphonie pour une femme seule (Catherin et al., 2019), est disponible sur le site de la bibliothèque de la UCLA. Ma thèse est disponible sur cette page.

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2022 - Ça aurait pu être pire

D'août 2021 à janvier 2022, l'association Overseas Culture Interchange m'a invité à réaliser neuf portraits intermédias de réfugiés et d'allocataires sociaux à Genève, en Suisse. Chaque portrait a été réalisé en collaboration avec son sujet, en s'adaptant au plus près de ses préoccupations. Ainsi, l'un des portraits est un patchwork de photos presque silencieuses, un autre est une application web, et d'autres sont de simples vidéos. L'approche artistique a permis aux participant·es de démontrer qu'ielles étaient les expert·es de leurs propres expériences vécues, de garder la pleine maîtrise du narratif et de discuter d'un large éventail de sujets, allant de considérations mondaines (Blomfield & Lenette, 2018) à leur fatigue d'être sous le regard constant des "douaniers, flics, fonctionnaires, journalistes, employeurs, camarades de classe et autres [y compris les artistes et les chercheurs] " (selon les mots d'Abdu dans son portrait). Les configurations informelles et parfois ludiques (voir le portrait de Roshan par exemple) ont facilité le partage d'expériences très personnelles et douloureuses.

Pour consulter la série complète, cliquez ici.

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2023 - Our Stories



Our Stories (2023) est un recueil d'histoires écrites par des enfants d'écoles primaires de Lusaka et de Ndola, en Zambie. Le projet a été développé en collaboration avec la chercheuse décoloniale Mukuka Kasonde, qui est zambienne et qui s'est interrogée sur le rôle que les enfants peuvent jouer dans le développement de la littérature qu'ils lisent. Le projet a été mis en œuvre par le biais d'un atelier d'écriture collaboratif qui a abordé, de manière inattendue mais captivante, des questions de race, de dynamique des genres et de politique nationale. Outre l'animation des ateliers, mon rôle artistique a consisté à rassembler les résultats des ateliers sous la forme d'un livre qui a été remis aux écoles. Nous sommes actuellement en train de rédiger un article sur les expériences vécues lors de ces ateliers.

Les ateliers ont fait l'objet d'un podcast organisé et accueilli par la Chaire UNESCO de l'Université de Glasgow en janvier 2024.

Vous pouvez consultez Our Stories en cliquant ici.

Le podcast de l'Université de Glasgow est disponible ici.

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