Un jour je me suis dit qu'il serait bien qu'un concert ne soit pas une petite parenthèse de notre vie, mais un morceau de celle-ci, un moment constituant. Pour y arriver, il fallait que le spectateur vive littéralement dans le concert, comme on vit dans une ville ou une maison. Le premier outil a ma disposition était celui du temps : j'ai décidé que le temps le plus long possible à suivre sans interruption pour un humain moyen était dix heures.
Pour rendre ces dix heures le plus vivables, et même le plus agréablement vivables possible, j'ai construit une quinzaine de chaises longues, avec des hauts-parleurs dans le dossier et une mini-quadriphonie autour de la tête.
Restait ensuite à écrire une partition de dix heures. Celle-ci existe en deux versions : une solo, avec un seul et unique musicien jouant de nombreux instruments pendant les dix heures de la pièce, accompagné par l'électronique ; un pour grand ensemble, avec les musiciens entrant au fur et à mesure de la pièce, jusqu'à être aussi nombreux que les auditeurs.
Ce sont d'abord trois heures de cette seconde version qui ont été créées au collège de Burier (Suisse) en 2007 par une poignée de musiciens professionnels et de nombreux élèves du collège. Puis en mars 2010, la version solo fut intégralement créée au théâtre du Grütli (Genève) par Christophe Schweizer à la contrebasse, au trombone, au sousaphone, aux percussions et à la voix. La scénographie était alors luvre de Delphine Rosay.
La présentation de l'installation par Brice Catherin (caméra : Fabio Visone).