INSUB XTET PLAY ANTOINE BEUGER
Antoine Beuger & Insub.8tet
"Nouvelle composition pour nonet"
(DE,CH,F)
Antoine Beuger: flûte, composition
Alexis Degrenier: vielle à roue
Antoine Läng: voix
Cyril Bondi: harmonium
d'incise: électronique
Raphael Ortis: basse
Rodolphe Loubatière: vibraphone
Patricia Bosshard: violon
Stefan Thut: violoncelle
A partir de notes et d'accords épars dispersés dans le temps, l'espace et le silence,
la musique d'Antoine Beuger inspire une grande beauté, un calme étendu, méditatif,
introspectif, d'une douceur bienvenue. Antoine Beuger est un compositeur dit post-cagien
et fondateur début des années 90 du collectif Wandelweiser, il sera pour la première
fois à Genève pour présenter une nouvelle composition pour neuf musiciens en compagnie
de l’Insub. Octet, un ensemble musiciens rompus aux pratiques expérimentales, improvisées
ou écrites, à l'instrumentation atypique et version réduite de l'Insub Meta Orchestra.
Xavier Charles (France) : clarinette, harmonica
Ivar Grydeland (Norvège) : acoustique guitare & banjo avec préparations, sruti box
Christian Wallumrød (Norvège) : piano préparé, harmonium
Ingar Zach (Norvége) - bass drum, percussion
Auteur d’un excellent disque aux enchantements magiques sans fin sur le très high standard label ECM, le quartet Dans Les Arbres délivre une musique à l’approche acoustique radicale, explorant et exposant de manière superbe des sonorités et textures sonnant souvent électroniques, voire composées. Le jeu et l’écoute des membres de Dans Les Arbres sont d’un niveau qualitatif rarement atteint. Réunis autour de Ivar Grydeland et de Ingar Zach, tous deux agitateurs-activistes primordiaux de la scène norvégienne improvisée (créateurs entres autres de l’important label SOFA), et avec la présence de l’extraordinaire clarinettiste Xavier Charles (que l’on retrouve, entres autres, dans le The Ex Orchestra) et le pianiste Christian Wallumrod (ECM), Dans Les Arbres combine une approche profondément et foncièrement intuitive, dans la meilleure veine du genre, avec des échos de Cage et de la New-York School. Une compréhension télépathique confondante avec pour résultat, un projet considéré à juste titre comme un incontournable de la musique improvisée.
INSUB META ORCHESTRA / grand ensemble - électro-acoustique - improvisation
L’Insub Meta orchestra (IMO) est un grand ensemble réuni autour d’une pratique expérimentale et électroacoustique. Il a été fondé en Suisse en 2010 par le duo Cyril Bondi et d’incise. Il est constitué d’une cinquantaine de membres permanents qui forment la trentaine de musiciens internationaux présent à chaque concert. Né des questionnements sur l’improvisation en large groupe, l’IMO a construit avec le temps un fort bagage collectif et typique ou le geste individuelle se confond dans la production d’états sonores globaux. Des matières subtiles émergent ainsi et dialoguent avec le silence. Les notions d’improvisation ou de compostions se confondent dans une recherche perpétuelle d’un développement spécifique au contexte propre de cet orchestre. Ses axes sont la place du silence, l’écoute poussée et électroacoustique, la gestion de durée, le mimétisme, les bas volumes, les rapports non-hiérarchiques, la circulation des informations.
Terrain de Jeu
Avec le jeu pour fil conducteur, les quatre projets de cette première soirée du festival éclairent chacun à leur façon les caractéristiques ludiques propres aux musiques de recherche, que ce soit dans leur articulation ou dans la définition même du contexte donné aux artistes à explorer.
Portes 21h00 // Concert 21h30 // 15.- CHF // prix de soutien: 20.- CHF
LUKATOYBOY / électronique - objets - field recording
Originaire de Belgrade, Luka Ivanovic a.k.a Lukatoyboy est un artiste sonore dont la pratique principalement performative questionne les enjeux liés aux sons, leur architecture, leur mise en réseau ou leur cheminement dans l’espace au travers d’une articulation narrative particulière. Les notions de hasard, de précarité et de fiabilité sont prises en compte dans son travail où le détournement d’objets divers accueille les incidents, les parasites et les pannes inhérents à la fragilité d’associations bancales, dans une optique de dépassement du stade de l’ennui qu’ils provoquent. L’intégration de l’échec et du déchet à la composition ouvrent alors l’écoute sur un au-delà du convenu et l’exploration de territoires musicaux inconnus.
La musique du lausannois Francisco Meirino fascine par son intensité physique et son sens du détail. Incisive et précise, son esthétique intègre la tension entre matériel programmable et son échec potentiel, façonnée par des dispositifs hétérogènes (ordinateur, capteurs de champs magnétiques, magnétophones à bande, transducteurs piézoélectriques, objets) qui varient selon les projets. Pour Akouphène, Francisco Meirino présente une version multicanal de sa pièce « The Aesthetics Of Everything For Nothing ». Cette pièce explore les possibilités sonores de deux jouets pour nourrissons - un hochet et un cube d’éveil - afin de cerner les contours d’une esthétique propre. Au moyen de microphones binauraux à l’affut des sons produits à dessein (clochettes, sons pré-enregistrés) ou au travers de leur manipulation (petits moteurs, velcro, visses), la pièce dépasse le champs sonore définit par ces objets et leur quotidienneté pour en saisir la totalité et montrer toute la magie et le mystère de leurs périphéries.
Formé en janvier 2013 à l’initiative de Julien Desprez, le trio hexagonal Snap fonctionne à la façon d’un monde plat, univers composé sur un principe d’horizontalité qui permet l’articulation d’un jeu sans hiérarchie, construit sur les complémentarités. Loin de se limiter aux interactions entre les trois musiciens, cet élan anarchique devient un ressort essentiel de la musique elle-même qui se construit au gré des recombinaisons sonores, dans le champ de l’immédiateté et des ruptures que cela implique. En s’éloignant des idiomes du vingtième siècle, de leurs connotations et de leurs contraintes, Julien Desprez, Yann Joussein et Clément Edouard remodèlent leur corps sonore au moyen de gestes chirurgicaux, tranchent et suturent, greffent les éléments simples à l’envi, non pas dans l’optique de guérir, mais afin d’en libérer les cris et produire un langage musical dont aucun élément ne dicte le cours de la discussion pour laisser place à l’expression de leur innocence propre.
Tore Honoré Bøe est un artiste trans-média norvégien qui vit et travaille aux îles Canaries. Très actif au cours des vingt dernières années en tant que performer, le nombre de ses publications (livres, enregistrements) témoigne de cette effervescence complémentaire à son travail d’artiste visuel. Avec Acoustic Laptops, Tore H. Bøe fait le lien entre ses différentes pratiques en développant des dispositifs acoustiques qui jouent sur l’ambiguité de l’ordinateur portable en tant qu’objet de taille réduite et comme outil aux possibilités infinies. Construit à la manière de boitiers dans lesquels l’artiste dispose des objets divers et qui tiennent lieu à la fois d’instruments et d’univers musicaux complets, ces laptops sont ensuite employés pour des performances micro-acoustiques. A la fois poétique et ludique, l’approche de Tore H. Bøe questionne la créativité du musicien dans le rapport qu’il établit avec son instrument, la façon dont il le crée et définit le champ des possibles dans lequel il opère.
Embouchures
A nouveau ouvert à une famille d’instruments, Akouphène accueille cette année des manipulateurs de cuivres à embouchure, en réunissant trois projets solo et un ensemble qui explorent chacun à leur manière les subtilités sonores de ces instruments, du souffle aux pistons, et de leur déploiement dans l’espace acoustique et électronique.
Portes 21h00 // Concert 21h30 // 15.- CHF // prix de soutien: 20.- CHF
LIZ ALLBEE / trompette - électronique - voix
Liz Allbee travaille avec le potentiel imaginaire des matériaux sonores et leur corporéité en combinant l’utilisation de la trompette, de l’électronique de la voix dans une approche qui implique autant l’improvisation que la composition électro-acoustique. Fascinée par les qualités proto-linguistiques et gutturales de la voix et des corps musicaux, les gestes, les boucles et les tics de communication, les thèmes récurrents dans son travail comprennent l'interaction humaine avec les instruments, les objets du quotidien et le jeu sur divers plans de sophistication technologique à travers lesquels elle peut remodeler les mains et les outils qui les fabriquent.
Pionnier-défricheur dans le champs de la recherche sur son instrument, le tubiste-compositeur anglais Robin Hayward a développé des techniques de jeu révolutionnaires pour instruments de cuivre au service d’une musique riche et nuancée. Initié avec la conception de la «valve à bruit», son parcours se poursuit dans l’ensemble Zinc & Copper Works avec qui il éclaire le potentiel des instruments à cuivre dans le champ de la musique expérimentale, puis en créant le premier tuba entièrement microtonal. A l’occasion de sa venue à Genève, deux aspects contrastés du tuba microtonal sont explorés avec 'Rubble Master’, une pièce qui utilise le tuba à la façon d’un générateur de bruit qui est filtré par des techniques de demi-valve puis avec 'Plateau Square’ où l'accent est uniquement placé sur la microtonalité, tel un plateau dans l'espace harmonique qui se construit progressivement au moyen d’une diffusion quadriphonique.
Henrik Munkeby Nørstebø est un tromboniste norvégien travaillant principalement dans le domaine de la musique contemporaine. Sa relation ambiguë au trombone l’amène à explorer le côté bruitiste et cuivré de l’instrument ainsi que les contrastes offerts par son potentiel sonore électro-acoustique et microscopique. Utilisant un large éventail de techniques de jeu allant de tenues tonales pures au bruit à la limite de l’inaudible, son approche oscille entre gestes intuitifs-organiques et constructions sonores minutieuses, particulièrement mise en évidence en solo, où le souci d’explorer les possibilités offertes par les qualités acoustiques de son instrument acquièrent une résonance particulière face aux enjeux spécifiques de la pratique solitaire.
Regroupant dans le sillage de Mazen Kerbaj - dessinateur, trompettiste et figure-clé de la scène artistique libanaise actuelle - Axel Dörner et Franz Hautzinger, deux acteurs incontournables de la trompette contemporaine associés au tuba virtuose de Carl Ludwig Hubsch, Ariha Brass Quartet s’affiche d’emblée comme un projet particulièrement ambitieux. Laboratoire ouvert sur les techniques instrumentales développées minutieusement par chacun de ces solistes singuliers et improvisateurs hors pairs, ce projet promet un nouvel éclairage dans les explorations des bruits et de la richesse des textures propres à cet instrumentarium. Dans le souci de rendre aux souffles et aux sonorités électro-acoustiques contemporaines une musicalité propre, les quatre s’appuient sur les qualités d’une articulation de groupe susceptible de transcender ces nouveaux langages.
Immersion Sonore
Profitant des atouts de la salle de la Prairie dans laquelle La Cave 12 accueille le festival, Akouphène propose pour cette dernière soirée une plongée tous ballasts remplis dans des limbes soniques propices à la méditation - voire même à la transe - afin de lutter les effets du syndrome affectif saisonnier. Les trois projets présentés sculptent tous le son à leur façon, au plus près de l’onde.
Portes 21h00 // Concert 21h30 // 15.- CHF // prix de soutien: 20.- CHF
THOMAS TILLY / Field Recording - Electroacoustique
Thomas Tilly est un musicien utilisant le microphone et le haut-parleur comme principaux instruments de création. Centré sur l’étude de l’environnement sonore et sa confrontation avec l’espace dans lequel il existe, son travail emprunte autant à la recherche musicale expérimentale que scientifique. Dans sa démarche, l’écoute reste centrale au détriment de toutes formes de représentations. Ce qui se passe sur le terrain doit être interprété puis transmis à l’auditeur dans des conditions d’immersion totale, la subjectivité de cette restitution résidant dans le sensible plutôt que dans une mise en oeuvre technique complexe. Toujours connectées à l’idée d’un autre «possible musical», ses pièces sonores, diffusions, ou installations, sont les fruits d’études où la recherche tente de supplanter l’esthétique. C’est l’exposition de l’onde sonore qui est importante. La relation aux espaces naturels, à l’architecture (dont le rôle est prédominant dans le sonore), ou encore à l’urbanisme, deviennent des axes de recherches privilégiés, et leur appréhension dépasse souvent la seule pratique de l’enregistrement du son.
Adeptes d’un doom de chambre monolithique taillé dans une étoffe d’une noirceur extrême, Mohammad - désormais en duo - pratique le sur-mesure, tant dans la confection de ses outils (instruments préparés, faits-main, logiciels custom) que dans l’élaboration de pièces où le jeu des textures, des intermodulations de fréquences basses et les combinaisons esthétiques émanant d’univers éloignés de prime abord (noise, folk, électroacoustique, métal) contribuent à rendre une image riche et puissante, qui se décline sur plusieurs plans et suggère une épaisseur palpable, une matérialité arrachée aux cordes du violoncelle de Nikos Velliotis, dont la maille s’étire au risque que les coutures cèdent pour coller au plus près à la surface des drones d’Ilios et épouser les reliefs apportés par les enregistrement de terrain. Cathartique, Mohammad module lentement son drame au gré des propriétés sonores acoustiques de ses instruments et de l’environnement dans lesquels ils interviennent.
Parmi les groupes les plus obscurs de la scène hexagonale, Monarch! étonne par son approche singulière de la musique chère à Satan, se glissant dans les failles des sonorités du Malin, au plus près de ses aspérités. Artisans depuis une quinzaine d’années d’un doom dense et monolithique émaillé de litanies aussi maléfiques qu’envoutantes, ces adeptes de la transmutation de l’or en plomb - proclamés groupe de métal le plus lent - emportent patiemment l’auditeur dans les méandres du culte qu’ils vouent au riff, ombre sonore commune aux forces crépusculaires qu’ils invoquent au cours d’un cauchemar rituel solennel. Une musique qui se laisse appréhender tant par les références et les étiquettes chères au métal que par l’expérience brute de sa puissance sonique et de la maîtrise avec laquelle ce quintet de Bordeaux dirige le flux de son déluge de décibels.