Vendredi 29 Novembre
Les Certitudes: Juliette Adam/Judith Hamann/Léo Dupleix (France)
clarinette, violoncelle, épinette
Concepcion Huerta, live - umor rex, elevator bath / Guadalajara, Mexico, based in Europe
Tzitzimime: Alessia Mercado & Purpura, électronique hurlante, cris, grognements (Mex/CH)
Mei Zhiyong, dispositif électroacoustique (CN)
En ouverture de cette vingt-deuxième édition, la voix du trio Les Certitudes, acoustique, revisite la matérialité propre au bois et au métal de leurs instruments, attentive aux timbres et aux harmonies en intonation juste. Répétitive, entêtante et sinueuse, la musique de Léo Dupleix se déploie dans les entrailles du son et des résonances en mélodies gracieuses et apaisées. Concepción Huerta, artiste mexicaine pluridisciplinaire, prend à coeur de faire vivre sa musique de la richesse de son travail audiovisuel. Ses productions complexes, électroniques et organiques, portent ainsi en elles une force évocative indéniable, moins de l’image figée que d’un cinéma sonore, mouvant et émouvant, dont les lignes s’entremêlent pour former des histoires fascinantes. Comme un écho, le duo formé par Alessia Mercado et Purpura, explore le bruit par le rituel en puisant dans l’imaginaire mythologique aztèque-mexica, en particulier celui des Tzitzimime, à la fois déesses et démones, dont la mission de dévorer l’humanité répond à l’appel d’une transformation nécessaire, ici rendu dans une brutalité cataclysmique qui se déploie dans le spectre de l’audible. Mei Zhyiong s’accorde à ce registre élargi, artiste engagé dans des performances harsh noise qui s’enracinent dans sa réception sensible de la nature humaine. Chacune de ses apparitions est vécue à la façon d’une quête désespérée de preuve sans objet. Engagé dans une poétique qui joue avec l’absence, il en extrait un flux sonore par l’exagération et le danger, traduit dans un langage physique où l’énergie apparaît comme le seul moyen de manifester le réel dans sa diversité et sa complexité.
Les Certitudes
Concepcion Huerta
Tzitzimime
Mei Zhiyong
Samedi 30 Novembre
Octave Courtin "ATMOS", dispositif électroacoustique (FR)
Jen Morris "Pivophone", pive et dispositif électronique (CH)
Eve Aboulkheir, dispositif électroacoustque (FR)
Lise Barkas & Yann Leguay (ACTYNL), Cornemuse, électronique, oscillateur (BE/FR)
Deuxième soirée à teneur fortement installative et élémentaire, avec Eve Aboulkheir, musicienne électroacoustique dont les installations sonores jouent avec les bruits de la réalité, s’emparant des sons environnants en apparence anodins pour les utiliser comme des instruments et révéler la musicalité cachée du réel par son amplification et son orchestration. Construit à partir de réactions électro-chimiques, que ce soit le gaz, le feu ou l’électricité, mais aussi des compositions électro-acoustiques, son travail joue sur le rapport entre ce qui ce voit et ce qui s’entend, parfois en synesthésie ou en décalage infime. Jen Morris aka [sic] conçoit sa musique comme un voyage à travers des paysages spontanés d’une radicalité troublante. Mêlant ce qui dans le banal peut se révéler de plus extraordinaire, son pivophone parachève l’histoire sonore des machines à bruit par un dispositif que l’on regarde pour mieux l’entendre, dédié à l’écoute d’une pive, entièrement articulé autour de sa présence, à moins que la pive ne serve de prétexte à une saisie des enjeux de l’écoute elle-même. Octave Courtin présente Atmos, un projet plastique et musical sous forme d’installation performable en perpétuel développement et dont l’activation repose sur des phénomènes physiques comme la gravité ou l’élasticité de certains matériaux. Associés aux éléments air et eau, ils confèrent au dispositif une certaine capacité à jouer seul, la question de l’autonomie des objets sonores est un élément central. Lise Barkas & Yann Leguay sont issus d’univers très distants. Leur activisme expérimental converge néanmoins quelque part au milieu d’un tableau de Brueghel. Lise Barkas, sonneuse assurée, et Yann Leguay, musicien détourné, découpent et recomposent les codes et les sonorités d’une musique que l’on dit traditionnelle. En la croisant avec l’électronique, oscillateur et cornemuse, bruits de rythmes et vielle à roue tournoient et se déploient à l’aulne d’hypnoses texturées à fort potentiel de transe.
Octave Courtin
Jen Morris
Eve Aboulkheir
ACTLN
Dimanche 1er décembre
Ancêtre, David Mamie & Georges Prola: Quadriones (CH)
Jonas Kocher, Hannes Lingens & Ben Richter ("Exploratory (2019) de Phil Niblock", Accordéons (CH/DE/US) photo: Anntette Bouttelier
Sachiko M, sampler avec ondes sinusoidales (JP)
Ancêtre est une performance sonore de David Mamie et Georges Prola pour Quadrione, une installation qui donne un aperçu des vastes possibilités du carillon à cames circulaires, ses mouvements aléatoires, ses déclenchements soudains, ses boucles, ses jeux de hasard et airs nouveaux. Pensé comme une boîte à musique pour vinyles, aussi imposante qu’imprévisible, ce dispositif rare élève le poussage de disques au rang de concert unique. Pour cette édition, une sélection autour de la voix parlée et chantée, inédite, sera confiée aux bons soins de cet instrument et à la dextérité de ses concepteurs. Exploratory (2019) du compositeur américain Phil Niblock produit des phénomènes acoustiques impossibles à anticiper ou à recréer dans d’autres contextes. Cette musique n’a rien d’abstrait; elle est au contraire intensément physique et profondément émotionnelle. Les accordéonistes Hannes Lingens, Jonas Kocher et Ben Richter en proposent une version inédite. Les trois accordéons, dont celui de Richter accordé en intonation juste, explorent les profondeurs du son, provoquant une expérience riche en effets psycho-acoustiques, qui engage intensément l’ensemble du public présent lors de la performance. Dans cet élan vers une approche phénoménale des mondes acoustiques, Sachiko M, musicienne, compositrice et improvisatrice radicale, manipule des ondes sinusoïdales au moyen d’instruments électroniques qui génèrent des signaux de mesure. Ses performances solo jouent sur une intensité qui contraste avec l’apparente simplicité de leur matériau, minutieusement maîtrisé. Un son qui se tend comme un fil et s’attache à l’oreille pour bouleverser le sentiment d’espace, rendu soudain immense dans le vertige de sa réduction.
Jonas Kocher
Ben Richter
Hannes Lingens
Sachiko M