Vendredi 24 Novembre
Ute Wassermann / DE: Plankton, pour voix, appeaux, enregistrements de terrain, aquarium amplifié
Band2Brut / CH: Gaël Bandelier, voix, objets, électronique; Laurent Bruttin, clarinettes, objets, guimbardes, électronique
Bissextile / FR: François Arbon, clavier, électronique; Eloïse Decazes: concertina, voix; Jacques Puech, harmonica de verre
Placée sous le signe de la rencontre, la soirée qui ouvre le festival accueille trois projets hybrides. Ute Wassermann revoit dans sa pièce Plankton l’idée monolithique du solo en le construisant à partir d’un habitat acoustique imaginaire où voix d’insectes, d’oiseaux d’humains sont invitées à vibrer sous l’eau, s’y démembrer pour se recombiner dans un aquarium pensé comme un laboratoire sonore miniature. Band2Brut, chimère sonore des activistes sonores Gaël Bandelier et Laurent Bruttin, lui emboite le pas en se dédoublant dans un dispositif labyrinthique érigé sur un instrumentarium hétéroclite susceptible de suggérer des formes et des stratégies de jeu, de fausses pistes en tours de passe-passe, et où tout espoir d’orientation passe par le choix de s’y perdre ensemble. Pour clore la soirée, le trio que forme Bissextile propose un triangle instrumental dont le déploiement dans l’espace acoustique redessine la trajectoire des sons produits à chaque extrémité. François Arbon, Eloïse Decaze et Jacques Puech prennent le temps d’y moduler leurs voix si singulières, par la délicatesse de progressions qui s’émancipent des atmosphères où l’ouïe est invitée à se laisser bercer.
UTE WASSERMAN
BISSEXTILE
BAND2BRUT
Samedi 25 Novembre
Yan Jun / CHN: corps, électronique, gestes amplifiés
Evicshen / USA: électronique modulaire et DIY
Sister Iodine /FR: Lionel Fernandez - guitare; Nicolas Mazet - batterie; Érik Minkkinen - guitare, chant
Souharce / FR: dispositif électronique, voix
Soirée à bras le corps, où le son est approché sous l’angle de la présence, manifeste dans la gestuelle ou tapie dans le dispositif qui le produit. La musique de Souharce aborde l’effet des fréquences sur la perception, entre psycho-acoustique, hypnose et catharsis. Elle déploie ainsi une popnoise oscillant entre puissants feedbacks électriques et rythmiques denses, faite de sons de batterie maison. Evicshen, nom de guerre de l'artiste et activiste sonore Victoria Shen, s'intéresse à la physique du son et à sa relation avec le corps humain. Ses dispositifs empruntent tant à la synthèse modulaire qu’à la lutherie expérimentale, affranchis de toute convention musicale pour laisser place aux textures extrêmes et aux tonalités gestuelles, à même d’en exciter au mieux les couches les plus chaotiques. Une pratique qui trouve son écho dans le travail poético-sonore de Yan Jun, dont la précision minimale trouve le moyen d’activer l’écoute par l’économie du geste, en sondant les limites de son amplification, et ou l’improvisation et l’expérimentation sonore se mettent au service de l’exploration des lieux et des corps. Le trio Sister Iodine libérere sa véhémence rock bruitiste de façon excessive, ici sous la forme d’une pièce inédite, envisagée comme la bande-son d’une apocalypse lente et poissonneuse et une invitation à s’y laisser immerger, dans la ligne énergique, mouvante, désorientante qui esquisse la chimie légendaire de leur sonorité électrique.
YAN JUN
EVICSHEN
SISTER IODINE
SOUHARCE
Dimanche 26 Novembre
Eyvind Kang / USA: violon, tanpura
Rafael Toral / PT: guitare, électroacoustique
Cette dernière soirée du festival envisage le son sous sa forme tangible, à la fois subtile et organique, dans trois manières
d’animer l’air, de lui faire porter les preuves de sa matérialité. Le travail solo d’Eyvind Kang,
compositeur et multiinstrumentiste s’articule à partir du pouvoir d’évocation de la musique et de la
manière dont un son se rapporte au souvenir ou permet de faire réémerger des sensations.
Ses récentes compositions creusent ce sillon dans le corps de sonorités anciennes, en modulant
les traits d’instruments classiques pour faire entendre les modulations qui s’associent dans leur voix.
a musique électronique de Rafael Toral, viscérale et émotionnelle, se construit à partir de mélodies sans notes,
rythmiques sans pulsation, dans une liberté méticuleuse qui se nourrit de ses paradoxes et d’une lenteur attentive au
silence. La clarté de son exposition et de sa mise en espace se trouve au centre du projet du guitariste, dont
la pensée du son se laisse aussi envisager comme une métaphore d’interactions sociales et d’économie de
l’information.
EYVIND KANG
RAFAEL TORAL